À une Nymphe Hindoue


Sur la cime d'un figuier d'Inde,
un bengali jaune chante la rondeur de ta croupe,
ô Indienne à la robe de lin bleu
dont j'embrasse l'ourlet,
pareil à un ruban d'astres
passé autour de la lune!


Dans toute ta féminité,
il n'est pas une seule cellule
que je n'ai touchée,
un seul plexus que je n'ai traversé,
un seul morceau de ton vagin ou de ton fondement
que je n'ai atteint!


Mais j'ignore toujours
qui tu es vraiment,
quelle est la nature de ton âme
qui à peine transparaît
à travers ton éternel sourire de Nymphe,
que je tiens pour plus pure que Kali,
pour de meilleur augure que Lakshmi
et pour plus aimante que
Parvati elle-même!


Recherches-tu l'amour
ou l'amitié?
Tes intentions sont-elles
celles d'une colombe fidèle
ou d'une tigresse avide de chair?
As-tu soif du miel du beau langage
ou du sang des victimes
immolées sur l'autel de ta férocité?


Par la brise océane,
si rafraîchissante,
je rêve à ton coeur
que tout laisse supposer
qu'il est une oasis de fraîcheur
dans le désert moderne!


Car, joyeuse devient la chair avec toi,
et dans tes prunelles chatoyantes
tourbillonnent mille bayadères
attachées au temple de Shiva,
à Madura, la chaste capitale des Tamouls,
où se sont succédé tant de générations
de danseuses depuis la haute antiquité,
et avec bonheur,
c'est-à-dire en offrant au spectateur
le plaisir qu'elles-mêmes s'offrent,
en se balançant sur l'escarpolette
de l'Absolu!


Et ces navires blancs
qui croisent au large
de la côte tamoule
sont des bayadères qui évoluent
au rythme de l'Infini,
et dont les figures de danse
sont une interprétation libre
de l'illimité abandon de l'Être!


Cependant,
je t'écoute élever de ta voix sublime
une prière indienne
qui équivaut à la remontée du Gange
en pirogue,
et à l'ascension de l'Himalaya,
l'Olympe hindou!


REGARD DE LOTUS

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 AOUT 2010