Séparation sous les Tropiques


Depuis le jour funeste
où ma Bien-Aimée s'est éloignée,
je n'ai pas vu le soleil du bonheur
se lever!


Ah! Si la sagesse m'avait poussé,
au moment de la séparation,
oui, si j'avais été assez sage
pour laisser sur les lèvres de mon Adorée
l'empreinte d'un baiser passionné,
au moment où elle partait,
cela eût équivalu pour moi
à boire le nectar des Dieux
et à goûter à l'ambroisie des Immortels!


Même si elle fut injuste avec moi,
je me considère comme heureux
de souffrir pour elle!


Quel homme à ma place
ne se sentirait-il pas fier
de souffrir pour une dame
aux seins aussi généreux,
à la croupe aussi poignante de beauté,
à la vulve aussi suave
qu'une soierie du Siam,
au fondement aussi voluptueux
qu'une nuit sans lune,
au fond de laquelle luirait
la flamme d'un volcan?


Or, comment ne serais-je pas hanté
par un vif sentiment d'échec,
ayant renoncé à caresser
ces cheveux de source vive
et couronnés de glycines,
ces aisselles qui embaument
le basilic à feuilles larges,
et ces yeux qui éclairent les rivières
à la Fête printanière des Lotus?


Et que dire du pubis de mon amante,
plus lumineux que toutes les étoiles
et plus noir que le jais,
et plus touffu, plus dense
qu'une plantation d'hévéas à Sumatra
ou qu'une forêt de banyans au Sri-Lanka?


Or, son pubis est la résidence
de son âme,
à laquelle je rêve
à chaque nouveau crépuscule
et à chaque nuit nouvelle
qui descend sur la cité tropicale
que j'ai choisie
pour être le siège
de mon univers amoureux
et le centre
d'où rayonne vers toutes les villes du Sud
ma nostalgie érotique!


C'est par une de ces nuits du Sud
qui vous déchirent le coeur
par leur langueur
que j'ai élevé cette ode,
en hommage au regret,
à moi causé,
par ma séparation
d'avec la plus merveilleuse
des mortelles!


REGARD DE LOTUS

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 AOUT 2010