Marseille
Grand pain à midi, de croûte et de mie, vital, que l'on peut savoureusement, avantageusement masser, sinon multiplier. Ses quatre points de l'horizon sont bénis par deux avenues, l'une verticale, l'autre horizontale. La verticale, bâtie en sang frais, est l'avenue des grandes fleurs de Barcelone -des oeillets surtout, grands comme le mot Orchidée -on est encore moins sérieux quand on a vingt ans et qu'on est têtes brûlées tout en épis et chemises blanches. L'avenue horizontale, taillée dans la plus pure roche d'Albion, rebelle à l'oubli, est l'avenue du bleu très substantiel- bleu d'Amérique ou d'Outre- Orient, je ne sais, mais de venteuse jeunesse et de première crudité.
Il y a de l'anguille sous roche, il y a de l'Esprit sous la Réalité. Les villes se ressemblent mais diffèrent cependant par l'Esprit.
Ma vie est la Solitude, jamais la même, qui domine les fronts de mer des villes différentes de par la vocation des sons qui les forment.
LE MIEL DANS LE MAL
MILLAS -MARTIN.1977