Le Balancement Bouleversant


De même qu'un feu
ne jette de hautes flammes
que s'il est attisé,
de même toi,
tu ne te balances pas
avec grâce, aise et lubricité
que quand je suis là à te voir,
à te regarder, à te dévisager,
à te contempler,
à te peser du regard,
à te déshabiller de mes yeux
friands de chair féminine
et grisés de beauté!


Car je guette l'unique instant
où tes fesses s'entrechoquent
comme deux collines,
dont les cimes se rapprochent
dangereusement
l'une de l'autre,
ébranlées par un tremblement
de terre!


Oui, tu es comme un serpent
qui ne se dresse que s'il est irrité,
comme un serpent qui ne danse
que s'il est charmé:
tu ne cambres ta croupe
que si tu me sens présent
physiquement,
que si je te perce le coeur
de mon regard boulimique!


À mon tour,
je ne m'éveille moi-même
que si je te surprends
en train de marcher
avec la démarche lente
et chaloupée
d'une race de femmes ancienne
comme l'Inde
et vieille comme le monde!


Ô mon aurore,
ma couronne de roses,
ma rosée,
sache que la renommée
de ton balancement bouleversant
est parvenue jusque
dans les bocages du Paradis
que les Hindous appellent Souargâ,
ce lieu mythique, où déjà,
des poètes inspirés
composent des odes
pour célébrer les mille ondoiements
de ta hanche si ronde,
les mille oscillations pendulaires
du bas de ton corps et de ton dos,
dont les os brillent comme des éclairs
déchirant les ténèbres de la solitude
et amenant un ordre supérieur,
où il fait bon s'abandonner
et où il est agréable d'aimer!


AU-DELA DES NUAGES

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2010