L'Amante d'Orient
Lorsque je te serre contre ma poitrine,
cependant que de la main droite
je te caresse les fesses,
une suave chaleur me vient de ton corps,
à travers tes seins,
pareils à un coussin en soie impériale,
brochée de nuages d'automne
et de péninsules de rêve,
oui, une douce chaleur me vient de toi,
comme si on avait allumé
de grands brasiers
dans des fours souterrains!
Et cette chaleur d'étuve
me laisse une impression de bien-être,
de confort incroyable
et d'aise singulière,
comme si je fumais une pipe d'opium
qui alourdirait l'air,
en l'embaumant!
Or, j'éprouve une sensation
semblable à celle causée par l'opium,
lorsque je suis étendu mollement
sur l'épaisseur soyeuse de ton dos
et que je rêve à des plafonds
aux arceaux de bois précieux,
sculptés en dentelles
et illuminés de lanternes
ruisselantes de perles blanches
ou à de hauts paravents
de laque noire,
où figureraient de grands oiseaux
aux plumes de nacre,
chaque plume étant d'une nuance de nacre
différente!
Ô mon amante d'Orient,
tu es pareille
à un soleil se levant
sur une galerie vitrée
aux verres versicolores,
oui, tu es pareille au soleil se levant
sur une galerie de la Cité Interdite,
sur la galerie même
où je dors encore,
après une nuit de causerie exaltée,
suivie d'amoureuse extase,
où je me sentais puissant
comme un roi ou comme un dieu
qui vivrait éternellement
au paradis chinois!
DRAGON DE LUMIERE
EDITIONS ENCRES VIVES. JANVIER 2011