Hymne à Kannon


Plus proche de mon âme
que le céleste azur
recouvrant la Terre Pure,
ce Paradis bouddhique situé à l'Ouest,
oui, plus chère à mon coeur
que l'Éden du Bouddha Amida,
tu es l'essence de mon désir,
la substance de ma félicité
et l'apesanteur de mon rêve amoureux!


S'il en est ainsi,
c'est que tu te confonds parfois
dans mon esprit
avec Kannon, cette déesse
régnant sur le Japon bouddhiste,
puisque , c'est elle qui,
selon une croyance bien enracinée,
conduit les âmes des trépassés
à la Terre Pure,
en les faisant échapper
à la dure, la cruelle loi des réincarnations
et pavant de la sorte
la voie de leur repos définitif,
condition du rétablissement de la paix!


Or, ton corps même,
oui, ton corps suave et voluptueux,
je le compare volontiers
au Temple de l'Eau Pure
où les Nippons adorent Kannon,
qui n'est autre que la Kouan-yin chinoise!


Mais, si je voulais sculpter ton image,
je ne procéderais pas
comme les artistes traditionnels
qui te représentent
sous la forme d'un monstre à onze têtes!


Moi, je te représenterais
selon les canons de beauté
en usage au Japon:
une noire chevelure, bien arrangée,
le visage amène
et les yeux fendus et souriants!


Et je t'attribuerais des traits fins,
un cou long et délicat en ivoire,
un torse frêle
et des jambes élégantes,
d'une blancheur immaculée,
comme celle
de la pleine lune d'été!


Et je ne ferais qu'une seule entorse
aux règles esthétiques
prévalant dans l'Empire du Soleil Levant:
sous la taille splendide comme une carpe,
je dessinerais une croupe majestueuse,
large comme la mer de Chine,
et sensible aux attouchements,
ainsi qu'une éponge!


LA PRINCESSE DE CHINE

RECUEIL INEDIT. DU 26 OCTOBRE AU 1ER NOVEMBRE 2010