L'Ineffable Souvenir


Tu es partie par un jour hivernal
vers un pays aussi lointain que le ciel
et où jamais je ne pourrai aborder!


Pourquoi ne rebrousses-tu pas chemin,
pourquoi ne reviens-tu pas sur tes pas?


Présentement, j'erre de-ci, de-là,
sur cette terre d'exil,
où personne ne peut témoigner
de ton histoire,
voire de ton existence!


Oui, de bonne heure,
tu t'en es allée,
comme une petite barque
qui s'évanouit dans la brume matinale
recouvrant la mer,
sans laisser de sillage
derrière elle!


Oui, tu disparus de ma vie
comme la rosée du matin
qui s'évapore, dès le soir venu,
ou comme le brouillard du soir
qui se dissipe, dès le matin venu!


Et je me retourne la nuit dans mon lit,
car je m'imagine,
en rêvant à toi,
que je t'entoure de mon bras,
afin de te faire un oreiller,
cependant que de la main gauche
je t'enlace par la taille,
plus souple qu'un bambou
et que je te pénètre
à la manière d'un sabre d'honneur!


Je ne me lasse pas de t'admirer
en mon for intérieur,
comme on admire la dernière pleine lune
de l'été,
en la regrettant!


Et je ne cesse de méditer sur toi,
comme si tu étais le mont Fuji
cachant la lumière du soleil
ou effaçant l'éclat de la lune,
ou l'achèvement d'un chef-d'oeuvre
ou, enfin, la clé d'une gamme musicale
connue seulement de nous deux!


Cependant, sache que jamais
le souvenir de ton nom
et de la beauté de ton oeil,
pareil, par la forme,
à un poisson rouge,
ou de ta hanche,
semblable à une algue ondoyante,
oui, jamais le souvenir de ta grande beauté
ne s'effacera des plages de l'Est,
comme de l'Ouest,
tant que je respirerai!


Oui, tu ne disparaîtras de ce monde
que le jour
où moi-même je rendrai l'âme!


LA PRINCESSE DE CHINE

RECUEIL INEDIT. DU 26 OCTOBRE AU 1ER NOVEMBRE 2010