Séville

Le Soleil dévergondé
aux grandes prunelles sévères
frappe la terre d'Espagne
gonflée de sève,
aux hanches en feu,
au regard sombre et doux
de Sainte recevant des fleurs
des mains du Christ!
Les orangers de Séville
caressent les cheveux
des femmes finement callipyges
dont la magie naturelle
s'accroît sous le ciel d'Avril
jusqu'à être célébrée
par les oiseaux de Carmona,
sur la place d'Espagne,
entre palmiers et palais,
avec des chants magnifiques
qui commencent à l'aube
pareils aux jeux de miroirs sonores
d'une galerie cosmique,
surchargée d'ornements
selon les règles ancestrales,
louées par les sages
et moquées par les fous,
du baroque andalou
le plus somptueux,
le baroque qui n'hésite pas
à aller jusqu'à une extravagance
tout indienne!


Et les jeunes filles
de fermer les yeux,
tout en se balançant fortement,
émues du brouhaha
de sons, de lumières et de parfums
qui flotte à l'horizon
flamboyant et mystique,
tandis qu'au loin
une gitane lance
une mélopée flamenca!

Les boucles d'oreilles,
grandes et dorées
comme la taille
de ces demoiselles,
s'agrandissent encore
et se dorent encore plus
sous les acclamations électriques
des aficionados surchauffés
qui fusent de la Maestranza comble,
pareilles à des vivats
adressés au Coeur d'Espagne!

Et mon coeur lui aussi
s'agrandit
et devient une arène
où je joue ma vie,
comme un torero ivre
de la guitare
du sacrifice printanier
des gitans
dont le sang
coule dans les veines
de Séville,
entre les balcons
aux ferronneries antiques!

RIZ NUPTIAL

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