Le Volcan de la Passion
La dernière fois que je rencontrai
mon aimée dans la petite cité
qui avait vu naître et mourir notre amour,
elle avait le visage exsangue
comme la lune tôt dans l'après-midi,
où à peine distingue-t-on le disque lunaire
dans le ciel où règne sans partage
le soleil omnipotent!
Et, non seulement son visage
semblait exsangue,
mais il paraissait brûler
comme par un feu intérieur,
par la pensée, peut-être,
d'une amour impossible
dont l'objet, très paradoxalement,
n'était pas ma personne!
En effet, l'esprit de la femme
est un labyrinthe
aux milliers de tours et de détours,
et s'y retrouver relève d'une gageure!
Oui, pour y circuler,
l'homme a besoin
d'un fil d'Ariane
qui le conduira à la compréhension
de la personnalité de son amante!
Oui, la vie de la femme
baigne dans le secret insondable,
oui, elle est entourée d'un épais mystère
se reflétant dans ces prunelles sombres,
où se mirent aussi mille biches fabuleuses,
mille montagnes magiques
et mille rivières profondes,
comme dans le tableau d'un paysagiste!
Or, force est de reconnaître,
qu'aux yeux des femmes,
l'homme aussi est un être mystérieux
dont elles sont loin de deviner
toutes les pensées!
Moi-même, avais-je jamais révélé
à ma Bien-Aimée
la passion dont j'étais dévoré?
Jamais!
C'est que les humaines amours
sont elles-mêmes complexes
et étranges,
étrangères à toute logique!
Ah! Comme le vent d'automne
ravive les flammes
du volcan de ma passion,
qui paraissait pourtant
à jamais éteint!
Ah! Comme le poète japonais
avait raison, qui disait, il y a mille ans:
"Qui a pu donner à l'amour
son nom,
il aurait dû l'appeler tout simplement
mourir!"
LES OIES SAUVAGES DE L'INFORTUNE
RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 08 NOVEMBRE 2010