Le Chant du Corsaire Étranger
Je suis un corsaire étranger,
un corsaire qui chante dans le vent du large,
penché sur le frêle dos
de sa petite bien-aimée
dont il caresse les fesses enchanteresses,
cependant qu'il introduit son index
dans la raie de la croupe plantureuse
de la très chère enfant!
Or, si je chante,
c'est que je me trouve en présence
d'un objet d'amour actuel, palpable:
C'est le petit corps de mon adorée,
plus délicieux qu'un jus d'ananas,
plus doux que le lait maternel
et vêtu d'un hanbok merveilleux,
aux belles broderies florales
et d'où émergent des cuisses idéales
comme le ciel de Corée,
ou ainsi qu'une lettre coréenne,
calligraphiée sous la dynastie Joseon!
C'est vrai, bien que j'aie atteint un âge canonique,
je suis toujours un bébé
qui tète la Terre Mère!
Oui, je suis le flibustier des lettres
au long passé de pirate,
émaillé d'incidents violents,
où les canons de mon vaisseau amiral
répondaient par le feu
à la tyrannie morale des autorités
et aux diverses provocations des grands!
N'empêche qu'à cause de ma destinée
de boucanier de la littérature,
je me suis vu refuser
les joies les plus essentielles,
les joies auxquelles a droit, en naissant,
tout être humain,
à plus forte raison un troubadour!
Et, j'ai beau lancer des oeillades embrasées
aux belles,
ou leur adresser de loin des baisers,
en portant mes doigts à mes lèvres,
je demeure un éléphant solitaire qui erre,
ayant perdu tout contact
avec le reste du troupeau!
Ô ma bonne et belle
jeune Coréenne,
élève-moi de la mer,
où j'affronte des vagues énormes,
oui, élève-moi de l'océan,
où, à tout instant, je risque de me noyer,
à tes yeux qui respirent la paix
du pays du matin calme!
Et toi de disparaître
entre les nuées roses,
pareille au soleil du crépuscule!
AURORE SUR LA MER
RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 22 NOVEMBRE 2010