Devî Mahatmya
Nous tous et toutes,
entonnons la Devî Mahatmya
ou l'hymne de glorification
de la Grande Déesse des Hindous,
Elle qui fit de sa voûte crânienne
la Voûte Céleste,
de sa puissante voix de femme,
le tonnerre,
et de sa langue,
l'éclair!
Et Elle transfigura son sang
en océan Indien
et ses veines en rivières
et ses artères en fleuves!
De la chair soyeuse
de sa forte et belle croupe,
elle fit la terre ferme,
avec ses vallées hautes ou basses,
ses plaines, ses collines
et ses prairies où folâtrent les gazelles,
et avec ses os Elle fit
les hautes montagnes boisées,
comme la montagne de Nanda Devî,
ou de la Bienheureuse Déesse,
au pied de laquelle prend sa source
le Gange, le fleuve le plus large
et le plus majestueux des Indes,
ce fleuve-maître
ou plutôt, maîtresse,
car le Gange est une déesse
qui s'appelle en hindi Ganga!
Or, je n'ai jamais pu dévoiler
la Devî ou Grande Déesse:
elle est plus singulière
que la singularité en soi,
oui, elle est la plus étrange
des divinités ophidiennes,
à la fois désordonnée
comme le sexe
et ordonnée
comme notre système solaire,
lumineuse
comme le jour le plus chaud
de l'année
et obscure, voire ténébreuse
comme sa noire chevelure
dont elle fit la Nuit!
Oui, elle est féconde
comme une ingénue
et stérile
comme une courtisane
qui ne fait que
s'admirer elle-même!
Elle est la personnification
de la fureur des typhons
et l'incarnation de la manie même
des éléments!
Or, elle est folle
comme la houle,
et paisible
comme une mer d'huile,
en présence de laquelle
j'aimerais ouvrir ma poitrine
au monde!
PLAISIRS D'AIGLE
RECUEIL INEDIT. DU 23 AU 30 NOVEMBRE 2010