La Sirène-Anguille

Ô sirène-anguille,
ô néréide-poisson,
ô fée-oiseau,
aide-moi à méditer
sur l'art de l'amour,
moi qui te suis dévoué,
de par le désir que j'éprouve
pour ta vulve
et qui fait de moi
un fidèle pratiquant
du culte qui t'est dû,
ô plus lutine qu'une jeune fille
qui flirte,
et plus charmante qu'une jeune femme
qui fait les délices de son époux,
telle la gentille Lilith,
déesse en qui les tristes prophètes d'Israël
virent, dès le début,
une ennemie
et dont la taille est plus fine
qu'un anneau,
la croupe plus gracieuse
qu'une blanche pigeonne
et la vulve plus timide
qu'un moineau,
oui, un cher petit moineau
que je caresse et que je nourris
de ma chair de savant,
de mon coeur de poète
et de mon âme de philosophe
qui a repensé, tout au long de sa vie,
le rapport entre l'homme et la femme,
l'homme et la divinité!


Ah! Comme tu te tortilles
en marchant,
pareille à un cobra royal
que j'aurais réussi à charmer
de ma flûte séductrice!


Ah! Comme j'ai du mal à comprendre
les fanatiques vêtus de haillons
qui déversent tant de haine
contre le sexe!
Ils réduisent la déité
à une abstraction,
en décrétant que dorénavant
la spiritualité sera fondée
sur la privation, l'aliénation,
la pénitence!


Or, parler de la joie
de l'israélite, du chrétien
ou du musulman,
est une contradiction dans les termes,
puisque cette joie,
à supposer qu'elle en soit une,
est celle de la vieille fille
et du vieux garçon!


Ah! Quelle est la joie,
en revanche,
qui consiste à aimer la divinité,
comme on aime une belle femme
dans la fleur de l'âge!


En effet, grande est la joie
du païen, de l'hindouiste,
du bouddhiste, du shintoïste
ou de l'animiste africain:
leur vie est une voie magnifique,
jonchée de pétales de roses
et de lotus!

TEMPETE DE DESIR

RECUEIL INEDIT.DU 1ER AU 07 DECEMBRE 2010