La Lyre et le Luth


Ô ma Bien-Aimée, déshabille-toi,
afin que je jouisse de l'ineffable spectacle
de ta croupe opulente,
plus superbement matérielle que la Matière
et plus sublimement spirituelle que l'Esprit,
de ta vulve épanouie comme un coquelicot,
de tes cuisses plus délectables
qu'un porcelet de lait au four,
de tes seins étoilés
dont je butine les mamelons
comme un papillon,
de ton dos qui annonce
la révolution stellaire de tes hanches,
de ta taille de guêpe d'or,
de ton pubis parfumé à la vanille
et au musc
et couronné d'un collier
d'émeraudes royales,
et enfin, de ta chevelure
flottant sur tes épaules
et semblable aux champs de la Beauce,
quand les épis de blé y fleurissent,
ou à une prairie de Normandie,
et par son bel ordre, à l'Île-de-France,
vue d'un hélicoptère désirant
ou d'un avion qui rêve!


Car ta beauté éclipse
celle des orchidées les plus rares
ou la beauté de l'azur de Mai
et du chant des hirondelles!


Tu es la cane
et je suis le canard,
tu es l'abeille
et je suis le papillon,
tu es la lyre
et je suis le luth!


Tu es sans doute venue tout droit
de l'île Pong
où, selon la légende chinoise,
séjournent les déesses immortelles,
et tu es plus éveillée que Quo,
dame célèbre en Chine
pour son intelligence
et qui a vécu sous la dynastie des T'ang,
et tu es plus belle
que Thyên-Quyên,
la plus belle des Annamites!


Voilà pourquoi, je me considère
comme plus chanceux que Pei-Hang
qui a épousé une déesse,
voire que Tseng-Jou
qui a rencontré une reine!


Ah! Comme je prends plaisir
à te voir tourbillonner
en une danse autour d'une idole,
cependant que tu roules tes fesses,
plus harmonieuses que les oiseaux du ciel
et que les étoiles!


YEUX DE JADE

RECUEIL INEDIT. DU 08 AU 16 DECEMBRE 2010