À un Cygne Vulnérable
Ô fille plus fine qu'une fée,
reçois ce cantique
comme une bague
que je passerais à ton doigt,
après avoir avoué
mon attachement
à l'éclatante jeunesse de ta personne
dont la peau est dorée
comme la robe d'une alezane
et dont les fesses rebondies
sont semblables
aux cygnes qui nagent
sur le Lac Majeur d'Italie,
cependant qu'alentour
les saules pleurent de joie,
empourprés par le crépuscule
et que tes mamelles se durcissent
sous ton corsage que tu déboutonnes
pour m'offrir ton coeur,
ton coeur que je prends
dans mes mains plus délicates
que des papillons du jour,
ton coeur que je réchauffe
sur ma poitrine fervente!
Ô ma Bien-Aimée,
plus mince qu'une guêpe
et plus légère qu'une libellule,
je suis damné par les mouvements savants
de ta vulve palpitante et émouvante,
lorsque tu marches toute nue
dans cette chambre où ton image
est multipliée par les glaces
dont elle est tendue!
Or, dans ces miroirs,
le bas de ton corps
apparaît comme une serpentine onduleuse
du Carnaval
ou comme une ruelle sinueuse du Caire
ou comme une grappe de glycines
suspendue en Avril à mon balcon
ou comme une grappe de raisins de Corinthe
enroulée autour de la tonnelle de mon jardin
ou comme une collier de perles blanches
s'agitant autour du cou d'une ballerine,
cependant que celle-ci danse,
ou comme une anguille femelle
qui nage dans l'Atlantique
au moment de ses noces
ou comme un serpent lové
au sein de l'Éternité
qu'il sous-tend,
pareil à un scarabée
gravé sur un bijou égyptien!
Or, je crois déceler,
ô ma princesse et duchesse,
oui, je crois déceler dans ton regard,
plein d'une toute discrète amertume,
la vulnérabilité d'un cygne blanc,
en butte aux persécutions
des cygnes noirs!
Mais je remédierai à ta douleur,
en te faisant présent
de la flamme de l'âtre
de ma volupté,
répondant à ton érotisme
de bergeronnette
et à ta passion ardente
de tigresse blanche!
ETOILES JUMELLES
RECUEIL INEDIT. DU 26 AU 31 DECEMBRE 2010