Hymne à l'Auguste Artémis


Ô Artémis qui règnes sur l'Ortygie,
c'est-à-dire sur l'île aux Cailles,
petite île des Cyclades
située près de Délos où tu naquis,
oui, toi qui règnes sur l'Ortygie,
entourée de soixante vierges océanes,
de vingt fillettes crétoises,
de quatre biches fantastiques,
attelées à ton char d'or,
et de cinquante lévriers blancs
aux oreilles rouges,
je te salue!


Ô déesse des montagnes
et de la nature sauvage,
je te consacre mon sperme
dont j'asperge cette hécatombe de biches
que mes concitoyens et moi
t'offrons en sacrifice,
en cette nuit où les étoiles,
dont tu es la maîtresse,
brillent dans le ciel
comme des topazes et des saphirs,
des émeraudes et des agates,
des lapis-lazuli et des chrysoprases,
des diamants et des rubis,
de l'or et de l'argent,
du cuivre et du cobalt!


Ô toi, la plus complexe
des épiphanies divines
et la plus contradictoire des déesses,
tu es la vierge farouche
portée aux plaisirs de la chasse-à-courre
et se mettant en colère,
à chaque fois qu'un mortel
la surprend en train de se baigner
toute nue dans un ruisseau
ou dans une source de haute montagne!


Mais, en même temps,
tu es une déesse de la luxure,
comme Aphrodite, Astarté ou Cybèle,
notamment à Éphèse,
où tes fidèles en transe
t'attribuent plusieurs mamelles,
comme à une louve insatiable
ou à une ourse maternelle,
et une croupe plantureuse
qui se balance quand tu marches
avec la même force
que celle avec laquelle
se meuvent les planètes!


Cependant, non contente
d'être à la fois chaste et lubrique,
tu es aussi la divinité
que les femmes en couches
appellent à leur secours,
afin qu'elle les délivre
des douleurs de la gésine,
comme une sage-femme!


En somme, tu as la folie de la jeune fille,
la licence de la jeune femme
et la sagesse,, fruit de l'expérience,
de la vieille personne!


Et, alors que tu es la très douce,
celle qui protège les jeunes enfants
et les animaux sans défense,
tu es en même temps capable de tuer
avec ton arc de lune
aux flèches d'acier!


Ô auguste déesse de la lune
et maîtresse de tous les fauves,
de tous les félins,
comme les tigres ou les léopards,
les panthères ou les guépards,
ton cas rappelle le cas d'Aphrodite,
cette déesse de la lumière
qui est aussi la déesse de la nuit,
cette souriante jeune fille
que ses fidèles appellent aussi
Androphonos ou tueuse d'hommes!


En réalité, les déesses, comme les dieux,
n'ont d'autres qualités
que celles que nous leur attribuons,
quand elles paraissent dans nos rêves
où souvent le même personnage
change de forme et de fonction,
et de bienveillant devient menaçant
en l'espace de quelques secondes ou minutes!


Ô Artémis dont le nom latin, Diane,
est un emprunt au nom grec Dionée,
qui est celui de la mère d'Aphrodite,
tu es à l'image de la vie,
à la fois merveilleuse et horrible,
suave et cruelle,
fantasque et farouche,
aimable et damnée,
austère et voluptueuse!


HYMNE A HELLE

RECUEIL INEDIT. DU 01 AU 08 JANVIER 2011