À Une Yéménite
Ô Villageoise de mon coeur,
apprends-moi la grâce de ton pardon
et emplis mes yeux
de la fraîcheur des nuits sarrasines
où l'arôme du basilic
se mêle au parfum de la menthe
qui jaillit du thé arabe
et vous met dans la position
du poète mystique,
hôte des mosquées et contemplateur des tavernes,
et dont le goût choisi
le porte vers les palmeraies de la volupté,
domaine des génies féminins,
pétrisseurs d'amour
et magiciens de la parole
qui est femme par excellence
et amante aux lèvres de grenade!
Cependant, mon esprit attaché à toi
comme l'abeille ouvrière
au miel de sa ruche,
c'est à peine s'il a le loisir,
en s'éloignant de toi,
de rêver de toi
dans toute ta majesté native
et dans toute ta noire beauté,
colonne musicale
soutenant la voûte stellaire
où voyagent les anges de la gloire
que les séraphins conduisent
au port de l'intellect
où siège le Seigneur!
Là, des barques chargées de fleurs
et de fruits les attendent
afin de les transporter
à la rive du paradis
où les houris aiment, chose inouïe,
les sages qui les chantent!
FUGUE DE JUMENT
RECUEIL INEDIT