Hymne à la Lune Quadruple
Heureusement,
je ne suis pas un roi ivre,
épris d'un nuage trompeur,
ayant la forme d'Héra,
et qui lui aurait donné un fils,
nommé Centauros
qui, à son tour, aurait engendré,
après s'être uni aux juments de Magnésie,
la race des Centaures,
mi-hommes, mi chevaux!
Non, je ne suis pas amoureux
d'une nuée appelée Néphélé
et qui aurait l'apparence
de la femme de Zeus,
et ce dernier, pour me châtier
de m'être amouraché de sa propre épouse,
ne m'a pas attaché à une roue de feu,
éternellement tournoyant dans l'espace!
En réalité, plus qu'à un roi fou,
je ressemble au prince-berger Endymion,
séduit par la lune sereine
dans une caverne du mont Latmos,
en Carie,
pendant qu'il dormait
par une nuit d'été!
Or, comme Endymion,
j'ai quatre femmes:
Iphianassa, Hyperippé,
Chromia et Neïs
et qui, toutes les quatre réunies,
ne sont que Séléné,
c'est-à-dire la Lune,
sorte de Trinité chrétienne,
sauf qu'il s'agit,
non pas d'une Triade,
mais d'une Tétrade
ou d'une Tétrarchie,
composée de quatre hypostases,
de quatre Reines
qui ne seraient qu'Une!
Et, depuis que je suis aimé de la Lune,
je dors sans me réveiller,
en un sommeil profond,
où le seul rêve,
c'est ma Bien-Aimée la Lune
aux quatre noms
correspondant à quatre entités,
et avec qui j'ai eu cinquante filles,
toutes prêtresses de l'eau!
Et ma femme la Lune
n'est autre que Dia,
ou la Divine,
la déesse de Dodone,
dont les prêtresses sont des colombes!
Et de cette Dia ou Dionée,
les Latins firent Diane la Chasseresse,
la déesse-lune!
L'OEUF DE CYGNE
RECUEIL INEDIT. DU 09 AU 16 JANVIER 2011