Ode Lusitanienne


De par la Nuit,
Mère des Odes
qui se lèvent,
telles des cavales sauvages,
de Lusitanie
et emportent dans leurs ailes
luisantes de Pleine Lune
l'Atlantique
et tous les Océans du sang
vers les cimes hyperlunaires,
de par la Nuit, dis-je,
Accoucheuse de Puissance
je louerai ton Arc langoureux,
chèvre Amalthée,
Corne d'abondance
nourricière de Zeus,
Corne d'or
du Bosphore de ta vulve
par où transitent
les pierres précieuses
qui vont et viennent
entre les deux moitiés
de ta Sphère de Volupté
entre l'Europe solitaire
et l'Asie populeuse,
et qui sont aimantées
par ton Coeur
qui bat comme la vague
portant le vaisseau de ton Être,
la nef de ta Beauté,
cette Messagère de la Vie,
Annonciatrice de la Destinée,
lourde comme la Lune,
légère comme le Soleil,
traversée de traits de violons,
bercée de fados de Coimbra
ou de chants du Cap-Vert,
illuminée de fêtes
de la Résurrection,
dulcifiée par des célébrations nuptiales,
mûre pour l'hiérogamie,
harmonisée comme un clavecin,
plumeuse comme une fleur
d'herbe de la pampa,
électrisante
comme une anguille électrique,
abysmale en ses précipices abrupts,
encorbellée d'étoiles,
lisse comme la Sagesse,
pure comme la Jeunesse!
Comme un haruspice romain,
je lis dans l'incisure de ton sexe
une fissure par laquelle
la Logique se dépasse elle-même
comme le ravin
qui déchire la montagne
jusqu'au sommet
d'où il regarde
la mer de la Transcendance
où se baignent les Déesses!
Le mana
te rend pareille
à une bergère
qui inalpe
à la tête de ses génisses
toutes blanches!
Et le mandoliniste céleste
enveloppe la mandoline lombée
de ton Corps
dans une mandorle surnaturelle,
et entoure tes yeux provençaux
du nimbe des anges de l'Amour
et tes ongles,
peintes avec la volonté de plaire,
du satin des flammes!
Car tu es
le diagramme de l'Action
triomphale,
le mandala des caresses profondes
de l'Univers
sur le front
des Amants!


INCESTE DE SOLEILS

RECUEIL INEDIT