À une Cambodgienne
Par ces temps de rétrécissement de l'âme,
je cherche à m'étourdir,
en m'enivrant de la grâce
de tes épaules fines ou de tes fesses polies
et en me grisant de la beauté de ta vulve
de frêle congaï cambodgienne!
Oui, ta vulve et ton fondement
sont pour moi une eau-de-vie
à laquelle je ne suis pas prêt à renoncer!
Mais, plutôt que d'alcool,
c'est de nectar qu'il faut parler,
car je suis exempt de toutes les tares
inhérentes à la décadence
et de toutes ces plaies qu'on attribue
aux temps modernes
et qui sont en fait le lot des médiocres
et la condition de tous les esprits creux!
Or, si je te porte une amitié
à toute épreuve,
c'est que tu es vivante
comme la forêt du Cambodge
aux myriades de bruissements
et de tressaillements nocturnes,
de murmures et de cris de bêtes
qui chassent ou aiment!
Oui, tu es aussi vivante
et aussi odorante
que la nuit tropicale
tombant sur la forêt
où embaument feuilles et fleurs
et où la terre, mouillée par l'averse du soir,
sent comme une Déesse,
cette Déesse-Terre dont tu es l'incarnation,
oui, cette Terre
dont tu es l'avatar Khmer,
Ô Cambodgienne de mes délices,
ô petite amour de femme,
ô petite chatte
venue au Cambodge
des forêts du Siam!
Étant moi-même un sage,
je ne puis prendre intérêt
qu'aux petites créatures qui sont hors du temps,
oui, aux créatures que le Temps
n'a pas touchées, entamées,
ou, tout simplement, défraîchies!
Or, je retrouve sur ton visage folichon
la fraîcheur du sourire indochinois,
cette fraîcheur si attachante
pour qui n'a point d'attaches!
Et que dire de tes seins immaculés,
plus frais que les mangues ou les ananas
que tu aimes tant
ou que les lotus rouges
que tu piques dans tes cheveux lisses?
A L'OMBRE DES FRANGIPANIERS
RECUEIL INEDIT. DU 13 AU 21 JUIN 2011