La Cour de la Pureté


Cependant que des vapeurs roses
montent vers le ciel,
une cigale chante dans le pin
voisin de ma terrasse!
Elle chante, comme quatre cigales à la fois,
le jour mémorable
où je vis dans une rue de Hanoï
un merveilleux équipage
formé d'étendards de jade
et de quatre voitures
faites de pierres précieuses!
La première voiture était faite de rubis,
la seconde de topazes, la troisième d'émeraudes
et la quatrième de lapis-lazuli!


Et, derrière cet équipage,
venait une voiture incrustée de perles roses,
d'où une concubine de l'Empereur descendit,
afin de me saluer
et de m'inviter à la pagode Chân Vo
où, me dit-elle, elle m'attendrait
le lendemain au soir!


En effet, le lendemain au soir,
je me rendis à la pagode
avec des mets et du vin!
Elle m'y attendait, la charmante personne
aux hanches semblables
à deux portes de nacre symétriques
et à la taille fine,
ceinte d'orchidées!


À sa main droite,
elle portait une bague de saphir,
en signe de son appartenance
au harem impérial!


Et ses yeux brillaient comme du jais,
tout en décochant des oeillades fascinantes,
voilées de velours noir de Chine!


Après avoir consommé dans le temple
les mets et le vin,
nous sortîmes dans la rue!


Or, des deux côtés de la rue,
longeant la pagode,
s'élevaient des pavillons de perles
et des palais de jade,
étincelants comme le jour!


Et, juste devant l'entrée de la pagode,
était stationné un char à vent!
C'était le char de la concubine impériale!


Or, cette concubine me fit asseoir
à sa gauche, dans le char!
Aussitôt, le char nous emporta tous les deux
dans le firmament,
vers le Palais de l'Empereur Céleste,
où je devais plus tard
connaître la gloire
d'être sacré Premier Poète
de la Cour de la Pureté!


LUMIERE DE JADE

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 23 JUILLET 2011