Au Jardin Merveilleux


Fait à l'image d'Indrâ, le Roi des Dieux,
je suis, comme Lui, très porté au plaisir!


De la main droite, je tiens une plume
qui foudroie les ennemis de l'Harmonie
et de la Volupté,
et de la main gauche, je tiens un arc
évoquant l'arc-en-ciel d'Indrâ!


Pour me déplacer dans la campagne,
j'utilise un éléphant,
en tous points semblable à Airavâtâ,
l'éléphant céleste que monte Indrâ,
et dont le nom signifie:
"Celui qui va par les airs"!


Mon domaine ressemble au Souargâ,
le Paradis hindou,
qui est le royaume d'Indrâ!
Et, dans mon jardin, comme dans le Nandanâ,
le jardin préféré d'Indrâ,
il y a des êtres et des choses merveilleux:
des cigales de jade, au nombre de soixante,
et qui chantent depuis l'aube
jusqu'à minuit,
et des musiciens à l'image des Gandarvâs,
les musiciens célestes!


Oui, ce sont des guitaristes, des luthistes
et des flûtistes
qui jouent, chacun sur son instrument respectif,
des mélodies sublimes,
capables de bercer les esprits les plus retors!


Dans mon verger,
il y a surtout des danseuses,
ravissantes comme des Apsaras,
et dont la beauté et le port de tête
peuvent réveiller les morts
et faire se lever les malades grabataires!


Dans mon jardin,
il y a encore des oiseaux de paradis,
qui chantent de façon admirable,
mais qui parlent aussi
et avec qui on peut dialoguer
comme avec des poètes et des philosophes!


Ne me contentant pas des charmes
de ma femme, semblable à la Déesse Satchî,
la Sainte Épouse d'Indrâ,
et aussi nonchalante qu'Elle,
je prends plaisir à contempler,
voire à aborder, de jeunes filles inconnues,
et on raconte à ce sujet
plusieurs histoires scabreuses,
comme pour Indrâ,
des histoires qui sont toutes fausses,
naturellement!


Et, de même que le Paradis d'Indrâ
se trouve sur une cime
du mont mythique Mérû,
l'Olympe de l'Inde,
de même mon domaine se situe
au sommet d'une colline enchantée
où la nuit les rossignols
donnent des concerts d'une indicible harmonie,
cependant que des ballerines hindoues
dansent comme à la Cour
du Roi des Dieux,
le Prince du Ciel!


Puissé-je, après ma disparition,
car la Mort se targue de finir toujours
par tenir dans ses bras
tous les hommes et toutes les femmes,
oui, puissé-je, une fois mort,
connaître des délices
cent fois plus enchanteresses,
dans une Cour Céleste,
comme celle d'Indrâ!


OCEAN D’ECLAIRS

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU AU 20 AOUT 2011