À une Dame Jeune comme la Mer


Ton corps est généreux,
à la façon d'un figuier chargé de fruits
et dont les branches s'abaissent jusqu'à terre:
Tout y est bon à prendre,
tout s'y offre à la jouissance
de l'oeil de l'âme,
tout y est chair profuse et savoureuse!


De même que le soleil
est sans cesse emporté
par les coursiers blancs
attelés à son char,
de même moi, je suis sans cesse emporté
vers toi par le désir!


Et de même que Vâyou, le Dieu du Vent,
jamais ne se fatigue de souffler
sur l'univers,
de même moi, jamais je ne me fatigue
de te chanter de tout mon gosier,
de tous mes poumons,
oui, je ne me lasse pas
de célébrer tes charmes,
si attrayants que j'en ai l'haleine coupée!


Et ta peau de luire
comme une dalle de marbre,
purifié par l'eau lustrale
et que fait miroiter
le feu du sacrifice de lait de vache
sur l'autel de Lakshmi,
la Déesse de la Fortune et de la Beauté!


La vache dont le lait sera sacrifié
et qui se tient immobile
à côté de l'autel,
est à l'image de ton coeur,
constant et généreux,
et dont la vie est un incessant sacrifice
sur l'autel de l'Amour!


Comme une Nymphe
qui vient de se baigner dans un étang,
tu regardes avec compassion
les pauvres humains qui s'agitent
dans les rues de la capitale!
C'est qu'il sont esclaves dans l'âme,
tandis que toi,
tu es la bannière même de la Liberté!


Cependant, écoute cette cigale
qui stridule au-dessus de nous!
N'évoque-t-elle pas
un autre moi-même
qui chante tes appas,
en bravant les feux du soleil?


Sache que je t'aime,
parce que ta jeunesse
est aussi bouleversante
que la jeunesse de la mer,
lorsqu'elle est accablée de soleil!


Viens que je t'emmène
dans la taverne de l'Éden:
Tu y boiras à ma gloire,
cependant que moi,
je boirai à ta beauté!


VERS LE GOLFE DU BENGALE

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 27 AOUT 2011