Ode à la Soeur de l'Aurore


Apprendre à parler aux perroquets
et aux mainates
ou apprivoiser les rossignolets,
telles sont tes occupations principales,
ô gaie princesse de mon coeur,
plus enjouée et plus gracieuse qu'une Nymphe
ou que le génie d'un rosier en fleur
ou qu'un lutin constructeur de palais fabuleux
ou arrangeur de parures de dames
et de toilettes somptueuses!


Certes, tu n'es qu'une courtisane,
mais de haut rang,
semblable à une ganikâ de l'inde antique
ou à une geisha du dix-huitième siècle nippon,
puisque tu pratiques avec un succès inouï
les soixante-quatre arts d'agrément,
dont la musique vocale et instrumentale
et la danse ne sont pas les moindres,
car tu chantes à merveille
des poèmes lyriques
mis en musique par toi-même
et tu exécutes des mouvements de danse
avec une science parfaite
que les Apsaras elles-mêmes
t'auraient envié!


Si le soir tu arrives chez moi
mouillée par la pluie,
je te change moi-même tes vêtements,
puis je t'invite à me rejoindre
dans la chambre d'amour
où nous attend un lit
recouvert de drap bleu
et qui porte à sa tête
un miroir d'argent poli!


Et à côté du lit,
il y a une petite table
où traînent un luth incrusté de nacre,
des bâtonnets d'encens,
des livres illustrés
ou des colliers de fleurs jaunes d'amarante
dont je te pare!


Et je te pénètre aux sons d'une vînâ,
le luth hindou,
et, tous les deux,
on se donne un plaisir
digne des plaisirs des Dieux
et des Déesses
au Souargâ,
le Paradis D'Indra,
le Zeus hindou!


Quand la nuit s'achève,
tu te revêts de rose,
comme l'Aurore
à qui tu te donnes toute!


JARDINS INDIENS

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 19 SEPTEMBRE 2011