Chypre, L'Eden De La Mer


En rêvant de ton voile de lune
et de ton rire parfumé de mastic,
j'ai écrit ce poème turc,
fruit du loisir ottoman,
digne d'être lu dans le harem du sultan
par les odalisques persanes
qui, malgré leurs rivalités,
attisées par les eunuques beaux parleurs,
au service de leur sultane jalouse,
ne doutent point de leur âme de femme!

Ce poème dispose ainsi:
Dans le pain chaud de ta croupe bénie
par mon désir ardent de ta chair,
je touche, je contemple et j'écoute
cette Arcadie, cet Eden
qu'est l'Olympe de Chypre,
quatrième des Olympes mythiques,
séjour bienheureux des Muses,
haut lieu de Vénus Aphrodite
caressée par Adonis,
pareil à la brise de terre en été
et beau comme le mont Taurus
dont l'ombre bleue plane à l'horizon!

Et dans le golfe de Satalie,
les vaisseaux de Caramanie
de faire voile vers le délicieux Chétim des Phéniciens et des Hébreux
que les Achéens venus d'Europe
appellent Chypre,
île fameuse,semblable à une femme
aux formes voluptueuses,
gages de sa fertilité
et preuves de son opulence!

En effet, tout pousse dans cette contrée
de gloire
qui donna son nom au cuivre,
produit en abondance sur son territoire,
et son autre nom à la déesse
de l'amour, Aphrodite la Kypris!

Tout y heureux,
des dattes de Syrie
aux figues de Salamine,
du vin préféré du padischah
jusqu'à l'opium
qui fait languir l'homme,
en lui ôtant sa force!

Et tant belles sont ses femmes,
aussi belles que les femmes de Smyrne,
que le culte de la déesse de la beauté
y fut instauré par les Chypriotes
sur le site majestueux de Paphos,
que survolent des colombes aux ailes bleuâtres!

Et de rêver de la plage d'Amathonte,
pointe méridionale de cette terre
où la Promission s'est réalisée,
la plage où tant de sanctuaires
de la Déesse de Chypre,
aujourd'hui métamorphosée en Madone,
s'élevaient dans l'antiquité,
où l'on pratiquait avec science
tous les jeux amoureux,
dont le glottisme,
qui consiste à introduire sa langue
dans la bouche de la Bien-Aimée
en un baiser conquérant,
féroce comme les faucons,
avide comme les lions!

Ô Fidèles compatissants,
plaignez-moi pour la fièvre
que ma Bien-Aimée éveille en moi,
et excusez-moi de cette ferveur
où le Mal et le Bien
se trouvent en harmonie solaire,
génératrice de sainte poésie!


LES CYGNES DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT