La Grande Ourse de l'Espoir


Ô toi qui, née de la Nuit,
tu te dénudes dès l'apparition du Soleil,
permets à ce dernier
de me révéler, lui qui voit tout,
où tu gîtes,
afin que je te visite
dans ta chambre de jeune fille
et que je te possède comme une vierge
qui n'a jamais été dévastée par un homme!


Or, j'apprends que, ainsi qu'un petit oiseau,
tu languis sur ton lit de veuvage avant l'heure!
Je dis avant l'heure,
puisque tu ne t'es jamais unie à un homme,
alors que ta jeunesse fuit dangereusement
et qu'un matin d'automne
brusquement elle te quittera!


Je t'en supplie, ne laisse point
l'espoir mourir en toi!
L'espoir est comme la Grande Ourse
qui jamais ne disparaît de notre horizon!
Joies et douleurs vont alternant
dans la vie des humains
qui ne sont jamais exempts de malheurs!


Et le poète dit que rien n'est éternel,
pas même le malheur!


Sache que tes prunelles étincelantes
et ta croupe si bien rebondie,
si riche en chair ferme, si bien équilibrée
et qui se dresse devant mes yeux étonnés,
pareille à une Babylone
aux dix mille voluptés
ou à la Terre Promise,
oui, tes brillantes prunelles et ta forte croupe
allumèrent en moi une passion
qui me consume tout entier!


Comme tes fesses évoquent,
lorsque tu marches,
les lames d'une mer houleuse
qui par milliers s'éloignent,
puis reviennent à la charge,
ainsi, moi-même,
je suis semblable à une nef,
tour à tour roulée et soulevée
par les flots de ma vie
aux labeurs sans fin,
pareille à la mer de Crète,
quand des vents contraires
soufflent sur elle!


Toi, que je sais animée
de la même passion que moi,
sors de ta léthargie,
arrache-toi à ton inertie
et donne-moi ta main
que je m'empresserai de mettre
dans la mienne!


LA GRANDE OURSE DE L'ESPOIR

RECUEIL INEDIT. DU 28 DECEMBRE 2011 AU 05 JANVIER 2012