Corps d'Avril


Ce matin, à neuf heures,
le soleil chantait sur mes volets bleus!
Et tu volais au-dessus de ma tête,
les ailes déployées,
noire et blanche, ainsi qu'une cigogne!


Noire était ta chevelure
et noir ton pubis!
Et ta croupe était toute blanche,
semblable à un grand coeur de femme,
ouvert au milieu,
oui, ce coeur qui m'accompagne où que j'aille
et quel que soit mon lieu de résidence,
sous le Tropique du Cancer,
sur l'Équateur
ou dans la moitié nord
de la vaste Terre!


Ô belle comme une marquise de France
au dix-huitième siècle,
ton baiser fait oublier l'amertume de la mort!
C'est que ta bouche est un bouton de rose
qui se gonfle au soleil de Mai!


Tes seins, tes reins et tes fesses
offrent à mes yeux des moissons de riz
qui me grisent par leur parfum!


Tes prunelles d'été lusitanien
m'envoient de tendres regards chauds
qui m'enveloppent de velours noir!


Et, lorsque je te pénètre,
les ailes de ton nez
frémissent d'un plaisir inconnu jusqu'alors!


Et le printemps fait tant croître ton coeur
qu'on dirait un aigle
ou un faucon femelle!


Oh! Comme ton corps d'Avril
tremble sous les souffles printaniers!
Et comme notre bonheur s'en ressent!


SANG NEGRE

EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. LIEU. AFRIQUE NOIRE. COMMENTAIRE DE GEORGES FRERIS, PROFESSEUR A L'UNIVERSITE DE SALONIQUE.. 16P. FORMAT A4. SEPTEMBRE 2012.