Ode à une Persane Païenne


Ô ma brune,
quelle est cette flamme
qui brûle mystérieusement
au centre de tes prunelles
et que je contemple
à travers le voile arachnéen
de tes cils persans?


Oui, quelle est cette flamme
qui ard mystiquement
au fond de tes yeux
de magicienne assyrienne?


Pourquoi me plaindrais-je
de mon absence de sens pratique
ou d'être perdu dans la jungle des humains
ou de n'être qu'un grain de poussière
dans le vaste univers,
puisque ma maîtresse
est la Souveraine de l'univers?


Et pourquoi craindrais-je
que notre secret ne soit découvert,
puisque je n'ai pas à rougir de toi
dont la beauté est connue
de tous les honnêtes gens
qu'il y a entre Chiraz et Ispahan?


À quoi bon attendre impatiemment le printemps,
si tu ne reviens pas avec lui,
toi qui sais donner à la vie
les couleurs de la joie?


Ô toi pour qui j'ai tout abandonné,
en offrant mon intelligence
en hommage à ta noire chevelure
flottante sur tes omoplates,
que ton visage splendide soit béni!


Où es-tu partie, ô lune de Juin
qui fis un paradis de la ville
où naguère je vivais,
exilé de la Perse?
Mais comment te reprocher ton départ inopiné,
puisque je ne suis, quant à moi,
qu'un pauvre ménestrel,
alors que toi, tu es une Reine?


Ô ma Persane païenne,
par tes yeux et par ta parure,
tu me pris ma foi mahométane
et tu fis de moi un pèlerin
de la Mecque anté-islamique,
vers laquelle était jadis tourné
tout l'Orient païen,
de l'Inde à l'Arabie!


LA ROSEE DES TULIPES

RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 23 FEVRIER 2012