À Une Princesse Du Phanar


Avec ta lumière de foudre de blanches colombes,
avec ta fraîcheur
d'air pur d'une île des Princes,
avec ta suavité de sucrerie fine de Stamboul,
tu arrives dans mon coeur
ravagé par les roses,
où tu instaures un empire
d'aigles et d'éperviers!

Ô Princesse du Phanar,
que j'ai recueillie
dans la nef de Sainte-Sophie,
où tu t'étais agenouillée
sur les dalles,
priant pour la résurrection
de Byzance,
cette fille du Christ de l'amour
et de son Epouse,
l'Eglise de la Compassion,
couple pour qui
Salomon composa
le Cantique des cantiques,
où l'amoureux et son amante
sans cesse se poursuivent
et s'unissent jusqu'à la fin des temps!

De par la séduction
des après-midi de Mai
sur le Bosphore,
j'écris ce poème destiné à toi,
afin que tu t'enorgueillisses
des grâces de ton esprit,
pareil aux saphirs du ciel
de la nouvelle Rome,
et du riche symbolisme
de ton être de piété,
de générosité, de clémence
et de miséricorde!

Tu es la rosée au charme infini
qui choit sur les bosquets
de Constantinople,
cette rosée qui me sert
d'encre et de plume,
afin que je couche sur le vélin
les belles paroles des oiseaux,
cachés dans le platane de ta chevelure,
ou blottis dans ton aisselle parfumée
d'eau de roses musquée,
ainsi que des sages disciples
du doux Maître des Soupirs,
du Prince des Bien-Aimés,
de l'Epoux de la Femme
qui s'est sanctifiée
par l'ancestral tourment
de l'enfantement,
et par ses larmes
mêlées au sang
du Supplicié!

Cependant que les cloches byzantines
me bercent de leur musique,
où Rome s'unit à la Chaldée
et aux mages pyrolâtres de Perse,
je me prosterne dans la terre
foulée par tes pieds légers,
afin de baiser la poussière
laissée devant ton trône,
vers lequel je n'ose lever mon front,
de crainte d'offenser ta mansuétude
de Dame élue par mes suffrages
de Fidèle d'Amour,
afin qu'elle représente mon coeur
livré au carnage
dans le jardin de roses de ton âme!


VOUTES DE CARAVANSERAIL

RECUEIL INEDIT. MAI 2004