Le Retour de l'Amante Infidèle
Hier soir où les roses embaumaient,
j'ai cueilli la plus belle des roses de mon jardin,
que j'ai placée dans mon soliflore!
Or, dès l'aube, elle me réveilla,
en poussant des cris
qui disaient à peu près ceci:
"Elle revient la Bien-Aimée!
Elle revient, l'amante jadis infidèle!"
Et moi de répondre à la rose:
"Elle revient donc, la pécheresse
dont j'ai attendu le retour
tout le long des nuits glaciales?
Si elle revient,
c'est que Dieu a cédé à mes prières,
à moins que ce ne soit
l'antique déesse lusitanienne de la lune
qui a été sensible aux chants des bergers
qui entonnaient pour mon compte
des chants pleins de regrets,
oui, chargés à la fois de "saudade" portugaise
et de mal du pays andalou!"
En fait, j'ai été à peine affligé
par la rigueur extrême des hivers
qui se sont succédé depuis le départ
de l'Adorée,
tellement j'étais comme imprégné
du souvenir de la chasteté de son baiser,
de l'ardeur de son regard d'or fondu,
du noir de ses yeux brillant comme le jais,
du musc de ses cheveux soyeux
et de la plasticité de sa croupe,
plus ronde qu'une soucoupe de porcelaine
ou qu'une tasse à café bleue!
Or, cette rose qui m'avait annoncé
le retour de mon infidèle maîtresse,
me promit de s'incliner pour mourir,
dès que ma Bien-Aimée
l'aurait respirée!
Elle me dit:
"Je mourrai,
sans regretter le ciel andalou,
puisque l'âme de ton amante
est un ciel andalou,
surchargé d'astres gros comme des diamants
ou des topazes d'or!
Je mourrai, sans même regretter
la brise embaumée,
puisque je sentirai son haleine dans mon calice!"
En effet, elle est revenue, ma Bien-Aimée,
pareille à un tamaris en fleur!
En lui ouvrant mes bras,
je lui ai pardonné ses fautes
à jamais passées!
PASSO DOBLE
RECUEIL INEDIT. DU 29 MARS AU 07 AVRIL 2012