La Mort Délicieuse


Ô petit moineau adoré,
pourquoi avons-nous tant tardé
à frayer ensemble, à nous éprendre,
puis à nous étreindre, à nous déshabiller,
à nous serrer l'un contre l'autre,
à nous faire des caresses,
à nous prodiguer des câlineries,
à nous manger les quatre lèvres
et les deux langues,
bref à nous livrer,
à la fois à des ébats enfantins
et à des jeux adultes?


Ô ma paonne aimée,
pourquoi avons-nous tant tardé,
moi à prendre tes petits seins,
tout frais et tout fermes,
et toi à boire l'eau de ma bouche?


Ô ma tourterelle chérie,
vois comme j'étouffe mes cris d'amour
dans la nuit d'été de ta chevelure
qui embaume le jasmin!


Oh! Comme ton doux popotin chéri
ressemble à un petit jouet d'enfant
et comme tes petits pieds
sont plus menus que les pattes d'une pigeonne!
Et comme ta longue chevelure
qui t'arrive jusqu'aux hanches
se mêle aux images d'eucalyptus
dont mes rêves regorgent!


Ô ma Bien-Aimée,
pourquoi avons-nous tant tardé
à mourir, l'un dans les bras de l'autre?


Je prie la déesse de la nuit
de ne plus hâter la dispersion
de ses ténébreuses troupes,
afin de te permettre de reposer longtemps
sur ma poitrine!
Et là-bas, sur les berges de la rivière,
des jeunes filles chantent!
Il me semble que leurs yeux,
à travers la fenêtre laissée ouverte exprès,
éclairent la couche où nous nous livrons
aux jeux de la tendresse
consécutive à la volupté!


CILS D'HIBISCUS

RECUEIL INEDIT.DU 29 AVRIL AU 08 MAI 2012