À une Princesse des Temps Modernes


Bien que très porté
au plaisir qu'on tire du corps féminin,
je n'estime pas la plasticité de la chair de ma maîtresse
moins que son abondance,
sa finesse moins que ses rondeurs,
l'aristocratie de sa tête
moins que la beauté provocante de sa hanche,
les charmes de son coeur
moins que l'appétit sensuel
qu'éveillent en moi ses seins, ses cuisses,
ses aisselles ou son pubis!


Quand je bois l'eau glacée
d'une source de montagne,
je rêve à ma belle
dont l'âme est une source de montagne
et le corps une eau glacée
en plein été grec, sicilien ou andalou!
Et ses appas sont les glaçons que je croque,
quand j'ai soif,
pendant les journées caniculaires!


Mais tant la soif de sa beauté me brûle,
que j'ai l'impression de vivre
près du cratère d'un volcan
prêt à entrer en éruption,
tant et si bien que j'en vois déjà
la lave fauve et épaisse
descendre de mon visage
vers mon sexe!


Oh! Comme j'aime tes plumes blanches,
toi, ma poule, ma pigeonne,
qui es plus chère à mon coeur
que la déesse de la beauté elle-même
ou que les nuits d'été en Attique!
C'est que ton corps est plus noble
que le tronc d'un platane,
ta croupe tendre est la plus généreuse
des divinités
et ta jambe fine est pareille
à la canne d'un dandy!


Oh! puissé-je te posséder à nouveau,
afin d'injecter en toi
ma force mûre!
Car, en absorbant ma force,
ta valeur s'accroîtra substantiellement
et fera de toi une princesse moderne!


LA REPUBLIQUE DES FEMMES

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 21 AOUT 2012