Chant Touareg


Ô jeunes filles touarègues,
chantez accompagnées de votre luth monocorde,
chantez l'océan de sable
du Sahara brûlant,
le ciel sans une ride dans son azur
et strié seulement de cygnes sauvages,
et la steppe aux gazelles!


Mais, chantez d'abord
ce qui vous tient le plus à coeur,
chantez la tribu glorieuse
des Banou-al Oudhra,
cette race d'hommes et de femmes
qui savent mourir d'aimer!


C'est la race dont je me réclame
dans mes soliloques,
moi, le Virginaliste, moi le martyr
qui ai su aimer
tout en restant chaste de corps
et pur dans l'âme!


Car, quoique je regarde avec convoitise
les jeunes femmes,
c'est sans intention directe,
c'est pour saisir dans le noir de leurs yeux,
comme dans un éclair,
une lueur de la beauté
de la Bien-Aimée
qui est toute la sève de mon corps
et toute la fraîcheur de mon esprit,
l'unique trace que laissera sur la terre
mon âme!


Ô toi, mon seul repère
dans le chaos du monde,
quand même tu te trouverais, à présent,
dans une sombre sépulture,
je continuerais à vivre
du souffle ardent
de tes prunelles obscures!


Ô jouvencelles touarègues,
chantez le soir autour du feu,
et jusqu'à l'aube,
cet étrange amour
qui m'a été donné de connaître
par Wadd, déesse de la beauté!


Que vos voix sublimes
emportent sur les flots
ce mien amour comme une guitare
et qu'elles le déposent au bord de la falaise
où viennent mourir
les lames de fond
de l'océan vital!


NAISSANCES OLIVARESQUES

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2004