La Déesse Étrangère de Malaga
Avez-vous vu cette beauté
qui est l'orgueil de l'Andalousie
et la fierté de l'Espagne?
Avez-vous vu cette rose du jardin élyséen,
radieuse comme l'étoile du matin
et qui est la sanctification du désir d'être aimé
et la légitimation de la douleur d'aimer?
Or, je n'aime pas cette jouvencelle
moins que jadis
et, au jour du Jugement Dernier,
je voudrais être jugé avec elle,
devant la même cour
et par les mêmes juges!
Car elle est pour moi,
beaucoup plus qu'un souffle sur la mer,
qu'une tramontane sur la terre ferme,
qu'un zéphyr du printemps,
qu'un papillon qui boit le nectar
d'un lys blanc,
qu'une abeille qui butine une rose!
Son image était peinte
sur les frontons des temples païens
et elle éveille en moi
un souvenir aussi ancien
que celui du lait de ma mère!
Oui, sa beauté est ma vie même
et toute ma mémoire,
support de mon idéalisme!
Par toutes mes fibres,
je tends vers cette femme
et par toutes mes circonvolutions
je rêve à elle,
comme à une déesse étrangère,
du temps où Malaga était phénicienne
et s'appelait Malaca!
DE NEIGE ET DE ROSES
RECUEIL INEDIT. DU 13 AU 23 SEPTEMBRE 2012