La Vierge Athénienne


Sur le bronze souverain de ta croupe,
je pose des yeux de maître
perdu dans la contemplation
des objets d'origine céleste!


C'est que je déclare tes flancs
objet de beauté
et en même temps sujet de haute amour,
de celles que les poètes volontiers publient
avec force images et arguments passionnés,
parce qu'ils s'en vantent
comme d'un océan de baisers doux,
où des vaisseaux ivres,
chargés d'idoles et de courtisanes,
viennent se reposer aux Tropiques,
attendus dans des havres de tamariniers
et de grands cocotiers!


Tes yeux, creusés en profondeur
sous l'arc sombre de tes sourcils,
me blessent d'une lumière
de soleil brun,
réfléchi par les palmes vertes de tes cils
et par le lac alabastrin
de ta face de vierge athénienne!


Tes cheveux châtains,
bien tirés en arrière,
ont reçu la patine des étés chauds
où Sirius chauffe à blanc
la terre accablée de calme
et de volupté d'orichalque!


Ton nez droit est une cascade
tombant du haut des Champs-Elysées
dans la rivière
où les cygnes blancs se bercent
au rythme de tes paroles
sécrétées par tes dents
comme le miel par une ruche attique!


Tes oreilles, toutes nues d'ornements,
sont des coquillages de plage indienne
que je découvre avec émerveillement
pendant les journées de loisir estival
et de paresse marine!


Ton regard frais
de petit temple d'Artémis Braurorienne
jette une ombre de svelte cyprès
sur ta joue de fleurs de cerisier
du Japon lointain!


Ton front étroit
dénote la pureté de ton âme de fille
offerte intégralement à Aphrodite!


Même le blanc de tes yeux
me convainc de l'urgence qu'il y a
à te tenir entre mes bras
et à longuement t'aimer!


DENTELLE DES ILES

RECUEIL INEDIT. AVRIL 2005