Hymne à l'Hellade


Ô terre de magnifiques sanctuaires,
terre de fécondes prières,
terre de beaux foyers,
foyer de l'humanité entière,
nourrice de Zeus,
mère d'Aphrodite!


Ô toi qui es la Coryphée
du choeur de danse
des îles, des péninsules et des continents,
quand je m'imprègne de ton azur
je crois boire la rosée
des roses matinales,
et, quand je caresse ton ciel d'été,
je crois toucher le coton
venu des pays d'outre-mer
ou la peau suave et lisse
du sein et des flancs de Cythérée!


Et de même qu'à Ephèse
jadis les Amazones dansaient en cercle
autour de l'image d'Artémis
et frappaient le sol résistant
de leurs pieds puissants
aux sons de la flûte aiguë,
cependant que toute l'Asie mineure
en résonnait jusqu'à Sardes,
opulente capitale de la Lydie d'or,
de même aujourd'hui
toutes les contrées
de la vaste Terre,
nourricière des femmes et des hommes,
dansent autour de ton autel réédifié
la danse pyrrhique,
danse héroïque et guerrière des boucliers
et des arcs d'airain,
et celle des Grâces voluptueuses,
cependant que les Muses
chantent dans les éthers
comme les rossignols au crépuscule
et les fauvettes dans les bois
et comme les cigales stridentes de Juillet
et comme les cygnes qui chantaient
autour de Léto,
quand Apollon naissait
à Délos la Très Sainte,
la coryphée des Cyclades!


Certes, de nos jours
les avions violent
le pacifique mystère de tes cieux
et les vaisseaux à vapeur
dévorent tes mers!


Et pourtant, évidents sont encore
les stigmates de ton antique religion,
à la fois chtonienne et olympienne,
terrestre et céleste,
et tes temples se dressent toujours
dans ta pure lumière,
paradigme d'un art sacré
dont la démesure contenue
dans des limites d'harmonie
ne dérobe le feu aux Immortels
qu'afin d'en faire
les plus beaux des sacrifices
à tes Dieux et à tes Déesses!


Et le Poète, dont les chants
affrontent la cacophonie contemporaine,
volontiers se désaltère,
ô cristalline Hellas,
à la fois agreste et fine,
dans ta fraîche Hippocrène,
tourmenté par la soif cruelle
causée par la moderne illusion
d'où tout plaisir véritable
est à jamais banni!


LES FLOTS DE LA PASSION

RECUEIL INEDIT. JUIN 2005