L'Aimable Enfant des Îles


Ô charmante enfant,
bénie par l'été,
ta blanche hanche
que tu caches aimablement
sous un tissu d'une blancheur immaculée,
est ferme comme l'île de fer,
Pholégandre,
l'une des Cyclades
perdue dans la mer de Crète,
au sol de marbre et d'ardoise!


Mais si ta croupe est dure
comme Pholégandros,
elle n'est pas pour autant
pierreuse et stérile
comme Sériphos,
l'île pétrifiée
par le regard stupéfiant
de la Gorgone!


Oui, ta croupe large et fière
de lionne parturiente
est ronde comme l'île de Nisyros
que l'on dit détachée de Cos
par Poséidon, alors qu'il poursuivait
un géant, gisant toujours
sous tes flancs gigantesques
comme la vaste Terre,
à la façon de Mykonos
sous laquelle respirent encore
les géants vaincus par Hercule!


À l'image de la volcanique Théra,
le Santorin des Latins,
métropole des Cyrénéens
et donc aussi des philosophes
de l'illustre cité libyenne,
par ailleurs berceau de Callimaque,
dont les hymnes sont aussi puissants
que des cavales sauvages,
tu es, toi, la métropole
de mes méditations sur l'amour
et la capitale de mes rêves
crétois et cycladiques!


Ton sein évoque pour moi
Ios, l'île où Homère a été enseveli,
riche encore des vers
de ce poète épique,
prince d'entre les aèdes antiques!


Tes cuisses sont les piliers puissants
qui fixèrent sur un socle de diamant
la sainte Délos
lors de la naissance
dans cette dernière
d'Artémis et d'Apollon
les divins enfants de Létô!


Ton ventre est opulent
comme Naxos à la plaine fertile,
lieu de la rencontre merveilleuse
d'Ariane et de Dionysos!


Il est aussi posidonien
comme Ténos,
par ailleurs nourricière de veaux gras,
et noble comme Andros!


Ta délicate figure
rappelle par sa longueur
Kéos, île au sud du Sounion,
berceau du poète Simonide
et de son neveu,
le lyrique brillant Bacchylide!


Et tes prunelles
sont aussi profondes
que la mer de Karpathos
et aussi fines
que l'azur égéen!


Mais à tous les autre sortilèges,
je préfère ta parole
courtoise et affable,
aussi douce et aussi suave
que le miel de Kalymnos,
lui-même aussi épais et aussi fauve
que le miel attique!


Oui, comme une cigale d'Attique
tu chantes dans mon rêve de toi,
une de ces cigales
qui enchantaient l'austère Platon
et procuraient le divin plaisir
à Aristippe de Cyrène!


L'OMBILIC INFIBULE

RECUEIL INEDIT. JUILLET 2005