La Demoiselle de Mexico


Dans ma première jeunesse,
je fus aimé chastement d'une demoiselle ravissante,
native de Mexico,
plus agile qu'un chevreuil,
plus légère que le zéphyr de Mai à Grenade
et plus indolente qu'une Créole!


Ses prunelles étaient des castagnettes d'ébène
et sa chevelure une colline d'escarboucles!
Son cou était plus blanc
qu'un pain de sucre de Malaga
et tout son corps était
un canal de marbre blanc,
bordé de citronniers et d'orangers en fleurs!
Et son popotin était parfait,
évoquant une arcade de l'Alhambra
ou de la mosquée-cathédrale de Cordoue!


Paris l'eût prise pour une grande beauté
et Grenade pour Chimène!


Et si l'amour de cette femme fascinante
demeure inaboutie
et fut malheureuse pour moi,
pourtant, aujourd'hui encore,
elle me fait rêver et composer
des hymnes dont la volupté
le dispute à l'élévation
et le dionysisme à l'épicurisme!


Or, ces hymnes sont à l'image
de celle qui aimait tendrement
les petits ânes aux yeux doux
et dont les ancêtres étaient des Andalous
à l'âme mystique
et vaguement,
quoique certainement, poétique!


HYACINTHES D'ESPAGNE

RECUEIL INEDIT. DU 09 AU 23 NOVEMBRE 2012