Ode À Alessandro Scarlatti


Ô Scarlatti, Fleur enchantée,
Rossignol ivre,
de la Mère des fleurs,
pieuse et placide,
tu fis un bûcher de tulipes
qui devait devenir la plus rouge des flammes,
brûlant le sang de l'homme
et électrisant ses nerfs
aiguisés à outrance
par la musique du feu des sphères!
Des trains de clavecins
montent et descendent l'avenue
que ton génie d'urbaniste traça
comme en une cité des airs
habitée par les esprits voluptueux
des sages de Cyrène,
favorables à l'amour des anges de la terre
qui sont les Bien-Aimées
des poètes les plus puissants
et les plus purs,
car les plus enivrés
de l'arôme des roses,
ces très hautes images
de l'immanence!
Toi-même, ô Alessandro,
tu es le fils et l'amant
de l'une de ces roses
qui fut la compagne de ton coeur
tout le long de ton chemin terrestre!
Et, c'est pour ses yeux
de diamant vermeil
que tu chantas sur la plus haute
branche d'un cyprès
comme le plus mélodieux
des rossignols!
Italie fut le nom de ta compagne
qui te donna naissance
à Naples la Douce,
à la voix de mille rossignols,
comme au plus riche de ses fils
et comme au plus ardent
de ses compagnons!
Sur ton tombeau,
ô musicien illustre,
le plus illustre de ceux d'Italie,
sur ton tombeau je viens déposer
ces roses enivrées des rossignols
que tu versas dans la coupe fraîche
de la lune,
comme le vin le plus sonore
et le plus pur de la beauté!


ECRITS DE FEU

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