La Nouvelle Rose de l'Irak
De même que j'évite de fixer le soleil,
de même j'hésite à poser mon regard
sur tes grands yeux noirs
et sur tes fesses qui ondoient
comme le berceau d'un enfant
sur une rivière
ou comme deux abeilles
dans un calice de rose,
oui, j'évite de te regarder ,
de crainte de perdre la tête
et d'entrer en délire,
comme un chat qui ronronne,
quand sa maîtresse lui caresse le dos,
ou comme un pigeon qui roucoule,
en compagnie de sa pigeonne!
Oui, j'ai peur que mes mains ne tremblent,
que mes paupières ne battent,
que mon souffle ne soit coupé
et qu'une certaine rougeur
n'envahisse mes joues,
une rougeur dont il importe
que tu ne t'aperçoives point!
Mais ma confusion, si je te regarde,
sera à son comble,
si tu fais entendre ta voix!
Car ta voix est si bouleversante et si belle
qu'après, je ne pourrai, sans horreur,
entendre les rossignols chanter,
la brise ruisseler sur les blancs peupliers,
les papillons palpiter
sur les jasmins,
les guêpes bourdonner
et les lézards crier!
Oui, je crains que, si jamais
j'ose te regarder jusqu'à l'âme,
tu ne mettes mon esprit
dans un désordre extrême
et que je ne puisse plus me consoler
grâce à la musique,
car, dans ce cas, ma vie perdrait
toute sa saveur!
Ô plus belle que la Sultane
Khalâ Goûl-Bar,
cette Rose de l'Irak,
je te déshabille dans mes songes
et je t'aime de la sorte en rêve!
Qu'il en soit ainsi,
ô ma déesse, mon enchanteresse!
LEVRES DE TULIPE
RECUEIL INEDIT. DU 31 DEECEMBRE 2012 AU 10 JANVIER 2013