La Bien-Aimée Sybarite


Chaque jour à midi,
je me roule dans les plumes légères
de la dulcissime brise
du commencement d'automne,
sous le soleil d'or
décanté dans ma poitrine
constellée de douleurs et de joies
en nombre égal!


Le contraste, saisissant à cette heure,
entre la chaux blanche des maisons
de ma géométrique cité égéenne
et le ciel couleur de saphir
me fait monter sur une échelle
de feuilles de peuplier blanc
me conduisant à l'impérissable Coeur
de l'azur,
couronné de laurier apollonien!


Même quand elle se mêle
à l'air salin
venant de la mer d'amertume,
ma contemplation se dessine
affirmativement et de la façon
la plus claire possible,
dans l'horizon tissé de topazes
comme la hanche toute ronde
de l'épousée du zéphyr
ou comme le sein au volume pur
des nymphes Dryades
dont est épris Pan,
le Dieu dont les peines d'amour
sont filtrées par les flûtes champêtres
des pastourelles et des pastoureaux
qui se répondent
de montagne en montagne d'Arcadie!


Cependant, les pigeons immaculés
d'Aphrodite Erycine
dansent en rond
au-dessus de ma tête
et tout en roucoulant
dans le cou de leurs compagnes,
les piquent afin de leur communiquer
la flamme allumée
au brasier de Stromboli
étreignant les îles Eoliennes!


Rien n'égale en douceur
l'harmonie des extrêmes
transcendés et mariés entre eux
et dont les sons de lyre ionienne
sont plus suaves que les Idylles de Théocrite
et plus purs que les hymnes de Callimaque!


Et moi, dans le silence
des corinthiennes acanthes,
de marier ma parole
à ta parole, ô Hetaira
ou Courtisane de mon âme,
ma Bien-Aimée de Sybaris!


LES ROSES DE LA CONCUPISCENCE

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2005