Le Baiser Ardent
J'ai oublié comment était fait ton pubis
et, malgré ma science et une mémoire fidèle,
je ne sais plus aujourd'hui
si ton derrière était ample ou étroit!
Mais j'ai gardé un vif souvenir
de tes yeux enflammés
qui me dévisageaient avec un violent désir!
Oui, je me souviens de ta chevelure
que tu laissais flotter sur tes épaules
et que je comparais à une colline portugaise
couverte de figuiers
et que j'avais escaladée par un matin d'Août!
Et il me souvient surtout
de ce baiser ardent
que, par une nuit fiévreuse de Juin,
tu me donnas sur le front
avec une dévotion toute lusitanienne
et les yeux fermés comme une chanteuse de fado!
Or, ce chaste baiser sur mon front pur
a fait s'épanouir mon coeur comme une fleur,
fit répandre dans la campagne heureuse
le parfum que renfermait mon âme,
me remplit de rosée aurorale,
fit accoucher mon cerveau,
plein de turquoises, de rubis et de topazes,
oui, ce baiser fit accoucher mon cerveau
d'une lyre de poète,
fit s'élever de mon sein
une prière de plaine alentéjane,
une prière au soleil de midi,
prononcée par une abeille rouge et or
et, enfin, fit tourbillonner
le sang de la mer dans mes veines
et mes artères!
Et ce baiser ancra mon navire
à jamais dans ton coeur brûlant
de princesse celtibère!
A L'OMBRE DE LA MADONE DE COIMBRA
RECUEIL INEDIT. DU 20 AU 29 MARS 2013