Hymne à la Crète
Ô Crète, fille de la lune,
toi qui portes un manteau d'astres,
généreuse Britomartis
d'où tire son origine
le plus illustre des Dieux,
Bacchos-Roi,
ô grande Rhéa,
génitrice de Zeus,
tu respires la force,
la vigueur, la robustesse,
la prestance, la bravoure,
la puissance!
Et si les mortels se plaignent
de ton excessive splendeur,
c'est qu'il n'est pas permis
à tous les humains
de jouir de ta dangereuse beauté,
car la santé
n'est qu'un don accordé aux seuls élus,
aux héros et aux Immortels!
Ô Mère Universelle du soleil,
ô nourrice des enfants d'Europe,
ô souveraine mondiale de la volonté,
ô impératrice des mers,
ô reine des îles,
terre du cognassier et du grenadier
dont les fruits ornent les seins
de nos femmes,
je serai dorénavant
l'humble desservant de ton culte
et le myste de tes rites orgiaques!
Ô Artémis,ô Diktynna,
ô Brimô,
toi qui rapportes de tes courses folles
à travers champs
des chevreuils qui embaument
la jeunesse de la chair
et la sveltesse,
exauce, je t'en supplie,
exauce ma prière
en me permettant de vaincre
le monstre caché dans ton labyrinthe
et qui n'est né
que des oeuvres contre-nature
d'un taureau et de Pasiphaé,
elle-même ta fille
conçue quand la lune
traversait le milieu du ciel,
au-dessus de la mer de Libye!
Autorise-moi, ô Déesse cruelle
et, cependant, juste,
autorise-moi à libérer
la jeunesse grecque
du lourd tribut de sang
payé à ce fauve,
le plus sauvage
d'entre les princes monstrueux!
Auguste Déesse des fauves,
que tes joues fraîches et roses
de vierge aux cheveux d'or
soient l'astre de la nuit
qui guidera ma nef
à travers l'océan occidental,
où il y a autant de naufrages
qu'il y a des vagues!
Couché sur le pont de mon navire,
je te regarderai dans les yeux
au moment où tu disparaîtras
dans l'onde nocturne,
couronnée de rais de flammes
comme l'épouse loyale du matin!
RACES DE SOLEIL
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2005