À la Brune Athénienne
Ô femme brune de mon âme damnée,
ô brunette de mon esprit maudit,
le parfum que ton corps exhale
me bouleverse
et me métamorphose en suppliant,
car il évoque mieux
que toute autre odeur
les nuits d'Athènes
qui mêlent à l'arôme de basilic et de menthe
les senteurs marines
venues du golfe Saronique,
cette mer, où, sous un ciel fulgurant,
l'univers entier vient dormir la nuit,
oui, tout l'univers
avec ses Déesses et ses Dieux,
ses héroïnes et ses héros!
Or, d'entre tous tes nobles charmes,
ô élégantissime Athénienne,
celui qui a ma préférence
est bien ton visage
plus suave que le petmez,
ce gâteau grec de farine et vin noir
qui dans l'antiquité rendait célèbre
l'île de Cos!
Mais tes prunelles,
ô châtaignier de mon coeur brisé,
ont le goût du chocolat amer,
oui, elles en ont
toute la saveur forte
et toute la flamme inextinguible!
Quant à tes lèvres,
ô Bien-Aimée,
elles semblent les feuilles rouges
d'une vigne sauvage en automne,
à la veille de la chute!
Tes cuisses, ô Belle
d'entre les plus belles,
sont les colonnes en bois de vigne
qui soutiennent le temple d'Héra
à Métaponte!
Ta croupe, ô voluptueuse
qui as toute mon amour,
est impérissable
comme le portail en bois de cyprès
du sanctuaire d'Artémis
à Ephèse!
Et la peau de ton ventre,
ô mère de mes désirs,
est plus tendre
que le minuscule grain de raisin de Chio
ou comme le tout petit grain
de raisin de Corinthe!
Souvent, je me promène
sous un portique qui ombrage tous les environs
de ses tonnelles,
et c'est là que je rêve le mieux
du vin de Leucade de ton sein,
et qui est celui de toute ta chair,
ô femme aux formes
porteuses de sanglantes révolutions
et qui es le sel de ma vie
que je n'échangerais contre la vie
d'aucun autre homme,
mortel ou Immortel!
LES FAUCONS DE FEU
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005