La Femme Langoureuse
Ô toi qui es docile
seulement à ton être de femme,
c'est en vain que tu t'irrites
contre toi-même
d'être plus belle que vaillante
et plus langoureuse
que raisonnable!
Car rien au monde
ne vaut la beauté,
oui, la pure beauté de la tête
couronnée de pampre
et du corps pareil à un fleuve
qui palpite et tremble
de toute jeune espérance!
Et que vaut la raison pratique
face à la langueur d'une femme
pareille à un crépuscule d'été
qui se prolonge indéfiniment,
mettant en déroute l'Erèbe!
Oui, le climat hellénique,
si propice au développement
des loisirs de l'esprit
et à la nostalgie,
témoigne de la véracité de mes dires
qui concluent à l'authenticité
de ton caractère!
Et, surtout, le passé de la Grèce,
si fécond en êtres de passion,
démontre la supériorité
de ta nature vaporeuse,
portée sur les rêves
de l'aurore attique
et sur les parfums de jasmin de Chio
des nuits d'Athènes,
où, parmi les frondaisons des citronniers,
une foule bon enfant se promène,
cependant que des amoureux s'embrassent
dans une cabine téléphonique
ou sous un oranger embaumé
que la cigale qui s'attarde
jusqu'à minuit
a choisi pour chanter
Apollon le Prophète
et Phébé la Pleine Lune!
Oui ma douce enfant,
la langueur est de bon conseil
quand il s'agit
de se préparer à aimer
car, n'est-ce pas, toi aussi tu as une âme
qui désire vivre,
oui, vivre comme une sylphide aérienne,
comme une dragonne de bon augure,
comme une fauconne véloce
ou comme une fusée
née d'un sein fervent
et d'une épaule ardente
et nue!
FLEURS DE SOLSTICE
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005