La Gauloise Voluptueuse


Ô belle Galate
qui langoureusement,
avec loisir et volupté
te pavanes à travers un Eden
de sons, de couleurs et de parfums,
après avoir joui d'un bain floral
comme Agnès Sorel
ou Diane de Poitiers,
ô toi qui satisfais à ma soif
plus grande que la mer,
deviens, si cela t'agrée,
deviens la paonne volante
de mes plus longues après-midi d'été!


Car ta hanche,
étonnamment large pour une Celte,
évoque pour moi
les deux grands golfes
de la Méditerranée française,
le golfe de Fos,
à l'extrémité occidentale duquel
se jette le Rhône,
le Rhodanos des Grecs,
et le golfe du Lion
qui s'étire vers l'Espagne,
du côté de Port-Vendres,
le Portus Veneris des Latins,
fameux pour son sanctuaire
de la Déesse de l'Amour,
Vénus-Aphrodite,
qui à la haute époque
marquait la frontière
entre la Gaule et l'Ibérie!


C'est dans cette baie royale
que se déverse l'Aude gracieuse,
à quelques milles en aval de Narbonne
et après être passée par Carcassonne!


Et, c'est sur cette côte
que se dresse la ville d'Agde,
l'Agathe des Hellènes,
fondée par Massalia,
l'antique Marseille grecque!


Oui, c'est comme un Massaliote
fort en rhétorique
qui, en bon Ionien,
ne se prosterne
que devant l'idole d'Artémis d'Ephèse,
que je te chante haut et fort,
comme il convient pour toi,
en considération du plaisir
que tu me donnes,
ô toi qui pourrais rivaliser
avec la Vénitienne la plus rousse,
la Napolitaine la plus chantée,
l'Athénienne la plus magique
la Sévillane la plus brune
et la Lisboète la plus nostalgique!


Si tu acceptes de te joindre à moi
et si tel est vraiment ton plaisir,
je t'apprendrai, ô divine, ô enchanteresse,
je t'apprendrai la philosophie,
mère de la science amoureuse,
afin que, le destin aidant,
tu me reçoives avec une intelligence éveillée
dans tes bras ardents,
et qu'ainsi je m'épanche en toi
avec majesté
comme le Rhône aux sept bouches
en le Mare Nostrum!


C'est qu'une belle femme
par une nuit d'été
et surtout une femme
qui sait marcher en dansant
ainsi qu'une anguille de velours
ou qu'un serpent aimé,
est pour moi comme une brise attique
sous la lune d'Août
ou comme un soupir
de la mer ionienne
par un zéphyr de Septembre
ou comme une ode nocturne
s'élevant du port de Lisbonne,
et ouvrant ses ailes d'albatros
au-dessus de l'Océan calme!


ODES SOLAIRES

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005