La Bannière Andalouse


Voluptueusement victorieuse,
tu brandis indolemment
l'étendard d'or et de pourpre
de tes flancs miraculeux,
cet étendard de tes triomphes
sur ma volonté d'airain
que tu as soumise à tes desseins
sans coup férir,
en un clin d'oeil!


Et c'est en même temps
le drapeau jaune et rouge
de l'antique Turdétanie,
l'Andalousie des modernes,
cette contrée bénie
que déjà Strabon
louait pour la pureté de l'air
et la douceur des souffles du zéphyr
qui l'enveloppent bénéfiquement!


Or, tout ton corps est
l'oriflamme sainte
de ce pays fameux,
où, depuis Homère,
les Grecs plaçaient le Paradis,
ces Champs Elysées,
séjour bienheureux des héros et des héroïnes,
ces Îles Fortunées
où seuls sont dignes de vivre
les hommes et les femmes extraordinaires,
et que l'on identifie aujourd'hui
aux îles Las Palomas et Tarifa,
visibles depuis Gibraltar!


Oui, tu es le vivant symbole
de cette terre de jardins,
arrosée par le Guadalquivir,
que les Anciens appelaient Bétis,
et dont la ville la plus célèbre
fut l'opulente, l'aurifère
et l'argentifère Tartessos,
capitale de la Tartesside
ou Andalousie première!


Or, la vigneraie de ton sein,
l'oliveraie de ta chevelure
et la merveilleuse orangeraie de ta hanche
sont de nature élyséenne,
puisque elles sont nées
de ce coin de paradis,
céleste aussi bien que terrestre,
et s'en nourrissent de flagrante manière!


Et c'est de cet Eden,
de cet Elysée
que viennent,
et ton extrême félicité
et ton unicité!


Anacréon, dans sa sagesse admirable,
ne déclarait-il pas
ne vouloir être
ni immortel, ni Roi à Tartessos,
entendant par là
qu'il se contentait d'une vie simple?


C'est dire ma chance
de te tenir entre mes mains embrasées
comme une bannière andalouse,
bien que toute en chair
et toute en os!


ODES SOLAIRES

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005