Alicante


Ô Alicante l'Espagnole,
ô ville dont le nom chante
et évoque plus Leucade ou Leucate
que les cités d'outre-atlantique,
malgré ton apparence moderne,
toute entière empruntée à l'Amérique
et à la culture
dont celle-ci
est le héraut!


Pourtant, tu as fait partie
dans un premier temps
de la vaste et puissante famille
des Ioniens de Marseille,
de ces Massaliotes, tous des fidèles
d'Artémis l'Ephésienne,
qui te bâtirent
et te donnèrent ton nom
qui signifie «Promontoire Blanc»!


Pourquoi donc, l'homme
et la femme contemporains,
plutôt que de se réclamer
de leur passé,
c'est-à-dire d'eux-mêmes,
empruntent-ils le masque américain,
le masque même de l'abstraction,
en une fuite éperdue en avant?


Pourquoi nient-ils toute appartenance
autre que cette ridicule prétention
ou ambition
à faire partie intégrante
de la foule solitaire et anonyme
des faubourgs d'Amérique du Nord?


Pourquoi donc ce repliement
sur les limites étroites
d'un village sans nom ni panache,
peuplé de gratte-ciels agressifs
à faire fendre, non seulement les pierres,
mais aussi nos coeurs, de douleur!


On s'en console, hélas!
en pensant que, malgré une science vaine,
le mystère de la Psyché humaine
demeure tout aussi insondable
que naguère,
et, par voie de conséquence,
entier!


MERS DE VOLUPTE

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005