À Une Macédonienne
Ô sublime Macédonienne,
tu tiens dans mon âme
la place des superbes cerisaies d'Edesse
ou des magnifiques vergers
qui s'épanouissent parmi
la luxuriance générale,
au pied du mont Bermion,
dans la très fertile plaine d'Haliacmon,
fleuve opulent de cette Macédoine
bénie par les Dieux et les Déesses de l'Olympe,
mont fabuleux où bat
le coeur de l'Hellade,
au nord de l'Ossa la Thessalienne,
séparée de l'Olympe
par l'étroit et oniriquement beau
défilé de Tempé!
Oui, tu es comme un
de ces fruits délicieux
qui agrémentaient naguère
les festins des princes byzantins
et, avant eux, des souverains macédoniens
dont Philippe et son fils
Alexandre le Grand,
le Trois Fois Grand,
puisque, foudroyé par un Idéal universel,
celui-ci réunit sous un même sceptre
l'Europe, l'Asie et l'Afrique
et maria entre elles
des nations différentes
par leurs moeurs
et leur musique
et qui jadis s'affrontaient à mort
sur les champs de bataille
sans nombre!
Car Alexandre, en avance sur son temps,
annonce, non seulement
l'avènement de l'Empire Romain,
mais aussi l'empereur Charles Quint
qui reprit à son compte
la célèbre formule
de cet illustre précurseur
qui affirmait que le soleil
ne se couchait pas
dans ses Etats!
Or, non contente
d'être une simple parure hégémonique,
un collier de blanches perles orientales
au cou d'une princesse indienne,
ou l'or ciselé d'un trône royal,
tu es surtout une prophétesse
de Zeus Dodonéen
et de Dioné, son Associée,
mais aussi une inspiratrice de roi
comme l'Egérie de Numa
et une Muse de poète lyrique,
à la façon d'Eurydice,
d'une Eurydice qui ne quitterait plus
Orphée que pour s'en aller
vers les Îles Fortunées,
ce lieu mythique
où les héros et les héroïnes
se reposent de leurs travaux terrestres!
MERS DE VOLUPTE
RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005