Ode à Athènes
Ô Aube de l'émotion
et Aurore de l'essence!
Ô Rose du Nouvel An
dont le parfum capiteux
monte au Ciel,
au milieu du chant des oiseaux,
tout en se mêlant aux vapeurs
et aux arômes des autres fleurs
et en s'unissant au divin souffle
de la brise venue du golfe Saronique,
au murmure des ruisseaux,
au clapotis des vagues
se brisant avec douceur
sur les côtes d'Attique,
et au bruissement des pins
sur les pentes fertiles de l'Orope!
Et la senteur de tes roses
de s'étaler comme les nues
et de retomber sur terre,
sous forme d'orages de pétales
et de tempêtes de calices!
Ô Athènes, ville bénie
d'entre les villes anciennes d'Europe
pour avoir la première
su élever ta stature
au-dessus des plaines,
des vallées, des montagnes,
des rivières et des mers,
faisant ainsi de la liberté
le symbole vivant de ton peuple,
gravé dans les entrailles
du mont Pentélique,
des carrières duquel
est né le Parthénon de marbre,
ce sanctuaire de la Vierge
ou de la virginale sagesse de la lune
de qui descendent toutes les Déesses grecques
et toutes les jouvencelles ioniennes
au front veiné d'azur
et à la bouche lumineuse
comme le rubis de Tabropane!
À l'image de tes suaves
promeneuses des nuits d'été,
tu es, ô Athènes de gloire,
malgré ton antiquité,
une jeune femme au buste de miel,
à la taille de guêpe
et à la hanche d'amour,
et qui se pavane par les rues coralliennes
ou conduit un attelage d'or,
traîné par six éblouissantes
cavales d'Aonie,
pures de toute tache
sur leur robe de neige!
Mais, si tu es aussi chaste
et aussi pure que tes sept collines,
ô Athènes splendide,
tu es aussi pleine d'une discrète
amertume d'amande,
l'amertume même
d'où est sortie la Tragédie attique!
Ô Cité mille fois illustre,
tu es douce et sensée à la fois
ainsi qu'une aube d'Avril
où meurent tes poétesses,
ou qu'une Parthénos
porteuse de péplos!
VASE A IVRESSE
RECUEIL INEDIT. JANVIER 2006