Folie Egéenne


À chaque aurore nouvelle
je découvre en moi
une âme nouvelle
et un Infini de songes
où les yeux éloquents
et les cheveux d'ébène
des jeunes épousées
renvoient à leurs pubis noirs
et à leurs croupes de neige
rose et craquante!


Et je redécouvre l'espérance
semblable à Médée la magicienne
ou à Pythie la prophétesse,
car agissant comme un rayon revivifiant
de Sirius levant!


Cependant, dès les premières lueurs
de l'aube,
mes cils se mettent à sourire
aux grappes de fleurs de mimosas
et mes prunelles à l'éclat solaire
à chanter aux amandiers de Janvier!


Et l'amour de me saluer
en passant dans son char
tiré par quatre
toutes blanches cavales!


Or, si pour l'homme quotidien
l'amour est une coupe
toute en or
et remplie de bile,
pour les esprits élevés
ce n'est qu'un vase
à miel de thym
ou une aiguière à eau de source
ou un cratère
à vin doux de Samos!


Mais, dès que le bosquet
commence à respirer
la printanière myrrhe,
le rossignolet du désir,
perché sur la plus haute cime
du cèdre de la chevelure
de ma Bien-Aimée,
chante à nouveau
l'amoureuse manie
ou folie des cerisiers en fleurs,
et l'anacréontique ivresse
que seules savent offrir
à mes lèvres assoiffées
et accorder à mon coeur passionné
aux élans occultés
par le savoir pesant des doctes,
les belles Egéennes!


LES SERPENTS DU SALUT

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2006